Rechercher dans ce blog

samedi 28 avril 2018

Mon lino

"Non je ne veux plus jamais travailler
Plutôt crever
Non je n'irai plus jamais au supermarché
Plutôt crever

Non mais laissez-moi
Non mais laissez-moi
Manger ma banane

Non mais laissez-moi
Non mais laissez-moi
Manger ma banane tout nu sur la plage" Philippe Katerine


C'est la chanson préférée de ton frère c'est vrai, mais j'ai trouvé que c'est celle qui te résumait le mieux.
Je ne sais pas quel ado, quel adulte tu vas devenir, mais ce dont je suis certaine, c'est que tu vas me combler, mon amour. Je sais aussi qu’avec ton tempérament, tu vas tout autant me pousser à bout, et me désarmer l'air De rien à coups de grands sourires et de minauderies. Je me fais berner à chaque fois...

Je t'ai tellement voulu, je t'ai tellement désiré mon amour. Tellement que tu étais à peine dans mon ventre que j'avais déjà grillé trois tests de grossesse.

Négatifs forcément, mais moi, je le savais déjà que tu étais là.
Je voudrais te dire tant de choses que tu ne devrais jamais savoir.

Je voudrais te dire, surtout que dans mes pires, mes plus sombres heures, où je serais bien allée faire un tour de l'autre côté de la barrière. Où la vie m'était tellement insupportable, que je serais bien partie faire une bise à ton grand père, mais y avait un truc plus fort, un truc bien plus fort et ce truc c'était toi, c'était lui. L'envie de vous connaître, le désir de savoir quels hommes vous seriez, ça a dévasté, ça a exterminé mes envies d'aller voir ailleurs.

Tu sais, mon amour, dès le début entre nous, ça a été tumultueux, y a eu les nausées, les coups de pieds, les coups de pelles, j'ai peut-être pas besoin de te le rappeler, c'est vrai t'étais là, bien niché au fond de moi, t'as tout vécu en direct.
A vrai dire, je me serais bien défoncée, shootée, enivrée, prostituée même,  pour lui faire mal, encore plus fort.
 Mais tu étais là, mon amour, alors j'ai appris à respirer pour toi, mon amour, j'ai appris à méditer ouais, et tous les deux, on a trouvé, on a fait la paix.
Tu ne pouvais pas te pointer un autre soir que le samedi des fêtes de Bayonne.
Faut dire, je t'avais tendu des perches, en faisant du toboggan durant des heures l'avant veille de ton arrivée, et en poussant le vice jusqu'à aller me pavaner à la fête, le ventre prêt à exploser.
T'es arrivé en fanfare dans la nuit tel un festayre rentrerait chez lui se reposer après un dur moment de festivités.
Quand je t'ai vu, j'avoue que j'ai été surprise, pas déçue, mais étonnée que tu ne ressembles pas comme deux gouttes d'eau à ton frère.
J'ai même failli dire à la sage femme, "mais dites donc, c'est pas ça que j'avais commandé"! 
Au lieu de ça, je lui ai un peu raconté le contexte dans lequel t'arrivais mon amour, sans vraiment réaliser, que c'était la bourrasque, la tempête, et l'ouragan.

Je 
me souviens que tu avais deux grandes billes noires à la place des yeux.

Et c'est terrible mais je n'arrive jamais à être fâchée après toi plus de trois secondes, c'est terrible. Tu n'as qu'à me scruter avec ton regard noir pour que je retourne ma veste. 
Ce regard je le connais, mon Lino, je le connais, c'est le même que celui qui m'avait dévastée, il y a dix ans. 
Ces grands yeux noirs, ténébreux, qui semblent te toiser, puis te promettent le monde entier l'espace d'après, ce regard pour lequel j'aurais pu donner tout ce que j'avais.
T'es son portrait craché, mon bébé, je devrais dire quoi? J'en suis ravie, il était si beau, quand je l'aimais, si tu savais. Sauf que lui j'ai cessé de l'aimer, il s'est défait alors que toi jamais je ne cesserai de t"aimer.

Et ça tu le sais, mon petit chat, t'es dingue, t'es fou, et je ne sais pas bien comment je vais faire pour te maîtriser.
Du haut de tes deux ans et demi, c'est toi, qui as déjà compris comment me maîtriser.
Comme pour ton frère, parfois, je t'observe et je me demande encore comment j'ai fait pour fabriquer un phénomène pareil.
Sans doute, que toutes les mamans du monde entier se disent cette même chose, mais quand même avec toi, y a du level.
Dès que je me fâche ou que je hausse le ton, tu me regardes d'un air désespéré, et me crie :"un câlin, Maman, un câlin".
Faites que toutes les situations les plus délicates se désamorcent avec un câlin, et qu'on en parle plus.
T'es arrivé, mon amour, à un moment où je manquais cruellement d'amour, mon amour, j'en crève encore tellement j'en voudrais, mais toi, toi tu me combles.
Si on m'avait dit que je me marrerai autant avec des mioches, je l'aurais pas cru.
Mes mouflets, parce que les nains, ça a jamais trop été ma tasse de thé!
je pensais pas qu'on pourrait autant rigoler. Je pensais même que je serais super rigide, ouais ok, on remballe!

Mon amour, tu sais, les premières fois, où je passais mes vacances seule avec vous, m'angoissait. Tu sais, mon Lino, la vilaine, le goujat, ils m'ont volé ta première année et j'en suis tellement désolée.
Tu sais à ma décharge, et même si je me souviens de rien, je me rappelle juste que je t'ai aimé. Et on me rendra jamais tout ça, on me rendra pas ton premier éclat de rire, ta première dent ou ta première purée, mais je graverai tout le reste.

ET qu'est ce qu'on se marre, avec toi, et avec lui, j'ai envie de foot et de têtes, de pêche aux crabes, j'ai envie de saltos du grand plongeoir de la piscine, j'ai envie de gaufres et de spaghettis bolo, où vous vous en foutez partout, j'ai envie que vous dessiniez sur le murs... Ah! On me souffle dans l'oreillette que c'est déjà fait. J'ai envie que vous fassiez des ventriglisses dans des flaques de boue et que je râle un peu fort juste pour la forme, puis que j'éclate de rire avec vous.
Puis, j'ai envie de cacas boudins hurlés aux passants,  de grosses boîtes dans les vagues, de churros bien gras, puis de voyages partout dans le monde, quand vous serez plus grands.
J'ai pas de mec, vous serez mes mectons sûrs, pas d'embrouilles, pas de plans pourris.

Tu sais, mon amour, j'aime pas vraiment la femme que je suis, je trouve que je me fais pas assez respecter, que je suis minable même, je trouve qu'on profite de ma gentillesse, et de mes faiblesses, je trouve pas ça club,Sur le papier, je sais bien que c'est sympa, mais y a qu'à gratter pour qu'ils se barrent tous en courant ma parole.

Mais j'aime la maman que je suis. Je sais bien que si Supernanny trainait dans les parages, elle hallucinerait, sans doute mais qu'est ce qu'on rigole.
Je sais qu'il suffit que ton oeil noir frise, qu'il suffit que tu te dandines en minaudant, pour que je revois mon autorité à la baisse, en fondant d'amour et tout court, et ça tu l'as déjà bien pigé, futé que tu es.
C'est grave? Ce qui serait grave c'est que tu cesses de me câliner, mon amour. 
Depuis toujours, t'es mon bébé koala, tu es tellement souvent pendu à mon cou et tu me combles, mon amour.
L'autre jour, du haut de ton tout petit âge, tu m'as lancé "tu es belle , Mamon, t'es ma mèèèère". Je dois faire quoi moi, à part défaillir.
Puis le lendemain, c'était "laisse moi tranquille, j'ai pas envie". Ah bon? C'est déjà l'adolescence, fichtre c'est un peu tôt mon bichon non?
Alors c'est pas si grave, einh, s'il y en a pas un qui soit foutu d'être à la hauteur, puisque je t'ai toi, puisque je l'ai lui.
Tu sais, vous avez du bol d'être ensemble, votre complicité, elle me fait mourir, aussi, mourir de bonheur, elle me rend ivre de vos sourires, vos petites fossettes, les mêmes que celles qui m'avaient tant plu dans une autre vie.
Y a pas un jour qui passe sans que vous ne serriez pas fort fort dans les bras l'un de l'autre et je meurs. Puis parfois, souvent, vous vous battez, je m'énerve, je crie, je me fâche, et vous partez vite main dans la main vous réfugier dans votre chambre, je meurs, je souris, et comme d'habitude, je reste fâchée 26 secondes, c'est terrible.
J'aime pas trop la femme que je suis. 
Mais vous fabriquer, vous rencontrer, vous aimer, vous accompagner à devenir des types chouettes, c'est ce qui me permet d'avoir un peu de douceur, de bienveillance à mon égard. Parce qu'être votre maman, c'est le truc que je préfère, même si souvent je suis à côté de la plaque, que je vous fais peur dans le parking, ou que je fais semblant d'avoir oublié de vous faire à manger. 

Alors quoi mon Lino, je sais aujourd'hui que tu as été ma chance, tu seras toujours mon occasion, mon opportunité de voir la vie avec légèreté et humour, t'es si drôle. 
Et tu verras mon amour, tu verras qu'on a pas fini de rire, j'ai trop pleuré, alors maintenant, on continuera de se marrer, tant que je t'aurais agrippé tout contre moi, puis même après.
Reste juste je m'enfoutiste, promets moi d'être toujours aussi a l'aise, et sûr de toi, et on aura jamais peur de rien.