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jeudi 14 mars 2019

Balance TA...

"Ils parlent tous comme des animaux
De toutes les chattes ça parle mal
2018 j'sais pas c'qui t'faut
Mais je suis plus qu'un animal
J'ai vu qu'le rap est à la mode
Et qu'il marche mieux quand il est sale
Bah faudrait p't'être casser les codes
Une fille qui l'ouvre ça serait normal
Balance ton quoi
Même si tu parles mal des filles je sais qu'au fond t'as compris
Balance ton quoi, un jour peut-être ça changera
Balance ton quoi" Balance ton quoi. Angèle
Je ne sais pas si tu as remarqué, mais en ce moment, et ça ne fait que monter crescendo, on est assaillis, sur les réseaux sociaux, par la révolution. Ni plus ni moins, la révolution du clito.
Bon, effectivement, pour ceux qui ne sont abonnés qu'à des comptes de bouffe, de fitgirls, ou de trailers, cela n'est sans doute pas le cas. Mais pour certaines d'entre nous, comme moi, qui se revendiquons clairement féministes et fières de l'être, les comptes associés à ce courant d'idées se montrent pointus, incisifs, percutants, à ce propos.
Pas un jour, sans que je ne tombe sur une image de clitoris, la volonté de l'enseigner, d'expliquer comment cela fonctionne aux jeunes au sein des cours d'éducation sexuelle au collège.
J'avoue que cela fait plusieurs jours que je me questionne, je m'interroge là dessus. 
Evidemment que c'est une bonne chose d'expliquer aux jeunes que le sexe n'est pas que performance et que le plaisir féminin est évidemment aussi important, sinon plus (je déconne) que le plaisir masculin.
Avant d'avoir mon premier orgasme, je ne me souviens pas qu'on m'ait parlé de clitoris avant.
Je n'ai jamais entendu personne me dire, tu vas voir ma grande, tu vas grimper aux rideaux, avoir des spasmes, ne plus savoir où tu habites, et ne penser plus qu'à ça, non.
On m'a parlé de contraception, on m'a bien prévenue que je pouvais dire non, on m'a dit de faire attention à ma réputation, ça oui. On m'a bien dit qu'une fille qui couchait le premier soir, c'est une fille facile, que c'est pas bien.
On prend bien soin de nous couper les ailes à nous les femmes, afin d'entraver volontairement ou pas d'ailleurs  notre liberté sexuelle et bon je vais m'arrêter là, sinon je vais me fâcher toute rouge.
Je me souviens comme bon nombre d'entre nous, m'être dite, bien avant cet orgasme, ah donc c'est ça le sexe. Bon soit. Alors ça va être long.
Alors je trouve ça bien, qu'on parle aussi aux novices de la version édulcorée du sexe, de la version fun , et pas que des trucs plus darks, qu'ils connaîtront aussi, évidemment.
Prévention, information et j'ai envie de rajouter promesses!
D'après tout ce que je vois, tout ce que j'entends, il est clair que la révolution est en marche, et je ne sais pas quoi en penser en fait.

Je trouve ça génial de s'opposer à ce putain de système patriarcal, où la femme s’exécute tandis que  l'homme dispose. Mais à l'inverse, je trouve aussi qu'on en parle beaucoup mais que les moeurs ont évolué depuis un petit moment non?
J'ai peu le souvenir de partenaires égoïstes au point de ne se soucier que d'eux.
Puis si cela a été le cas, ça s'est bien évidemment terminé en bonne partie de rigolade avec les copines.
Je trouve que l'on se plaint énormément, de l'image que peuvent avoir de nous les femmes, nos homologues masculins.
Nous ne voulons pas être objet, c'est clair, et encore une fois, sans doute suis je chanceuse, mais j'ai pas le souvenir que ce soit arrivé souvent en fait.
On s'insurge, on crie, on aime être hystérique, comme ils disent, dans le fond, pour bien prouver, signaler notre désaccord.
Evidemment, qu'on a toutes croisé des gros porcs, des connards, des dégueulasses, des pervers, des pas respectueux. Evidemment.
Je me souviens d'un mec, qui m'avait suivie partout dans une galerie commerciale, dès que je sortais d'un magasin, il était là à m'attendre, avec son regard bleu perçant flippant. Je me souviens que j'étais partie en courant à ma voiture, et que j'étais rentrée fissa chez moi. Je portais une minijupe en cuir, et mon père m'avait dit, c'est pas ça le problème, t'as le droit de t'habiller comme tu veux, c'est lui le problème, c'est lui qu'était pas net.
Je me souviens ce responsable d'un grand service des sports, plus lourd que jamais, vingt de plus que moi, et ses textos permanents et plus graveleux les uns que les autres, je me souviens ma démission, et qui depuis que les langues se sont déliées avec #balancetonporc, s'est fait lapider sur la place publique et virer.
Des histoires comme ça, on en a toutes à la ramasse à te raconter.
Est ce un problème de sexisme ou tout bonnement d'éducation, de communication, ou d'appréhension des codes?
Je me suis demandée alors comment les mecs biens vivent ça aujourd'hui.
Mon meilleur ami me dit qu'il a parfois peur d'adresser la parole aux femmes parce que certaines se sentent agressées comme s'il allait les violer. Evidemment, je ricane lorsqu'il me dit ça, mais dans le fond, y a t'il de quoi se fendre la poire, je ne sais pas.
Moi ce que je crois, c'est que plus on prend la parole, plus on revendique notre droit d'être libre, notre droit d'être femme, notre droit à une liberté sexuelle propre à nos désirs et nos envies, plus certains d'entre eux ont la pression.
Ce que je crois aussi c'est qu'on est prisonniers des années 90. 
Je m'explique, je vais faire des raccourcis, tu seras d'accord ou pas, mais années 90, "toujours plus loin, plus fort, plus vite, jusqu'au bout de l'extrême limite, tu vas droit au coeur de l'action..."(Générique Extrême limite).
Déjà, déjà, je comprends, tu es impressionné par mes références, bref, la performance les gars.
J'ai le sentiment lorsque j'entends parler de sexe, qu'on parle de perf, et qui plus est dans le milieu de sportifs dans lequel je traîne, et j'avoue que cela m'attriste.
Culte de la performance, toujours plus de partenaires, toujours plus de zapping, toujours plus de prouesses, faut être bonne, faut être chaud de la canne.
Alors je me suis demandée ce qu'était un bon coup, in fine.
J'ai pensé aux conversations que peuvent avoir les mecs, et celles que nous avons réellement entre femmes à huis clos.
Au delà du fait qu'on puisse se moquer des attributs masculins, et de détails purement corporels, il me semble qu'on parle véritablement de techniques. Et ce qu'on vante souvent finalement n'est pas la performance, loin de là, mais les gestes sensuels. La sensualité.
Je n'ai pas l'impression d'avoir évoqué des prouesses, des performances mais bel et bien des détails techniques. Et en y réfléchissant plus précisément, ce qu'il en ressort souvent, en filigrane de nos conversations crues, c'est le besoin, la recherche de sensualité.
Finalement, on pourra parler de clito autant qu'on veut, faut pas oublier non plus à quel point on met la pression aux hommes. Il faut que leur corps soit musclé, sans pour autant être bodybuildé, il faut que leur sexe soit d'une taille correct mais sans être trop gros, il faut être résistant sans que cela dure trop longtemps. il faut, il faut...
Et puis, s'ils ont la pression, nous aussi, que celle qui n'a jamais simulé lève la main!
Pourquoi s'infliger ça? Parce qu'on a toutes simulé par politesse, par ennui, pour faire plaisir.
Et je me dis que si on l'a fait, c'est à cause de cette foutue performance.
Tout le monde a la pression et c'est pas normal. On se dépêche de consommer et c'est pas normal.
C'est pas anodin de partager son intimité bordel. C'est cela qu'on doit enseigner aux jeunes, que c'est pas anodin de se retrouver nu avec, devant quelqu'un à jouer à touche pipi, sérieux.
Et que justement, cette surconsommation doit cesser. Chacun fait ce qui lui plait bien entendu, ce n'est que mon point de vue de femme.
Le désir, pour moi, se construit. Et je crois que je choisis mille fois la sensualité à la sexualité pure et dure.
Je repense au doux insaisissable lors de notre premier rendez-vous qui m'a caressé la main au moment de partir, ou lorsqu'il a replacé une mèche de cheveux derrière mon oreille.
Je me souviens ce type, loin de mes  stéréotypes de beauté, qui était d'une délicatesse, d'une sensualité hors normes.
Je repense, à ce mec beau comme un dieu, et nos jeux de regards au départ d'une course.
Je repense aux regards puissants, langoureux, noir ébène du goujat et à ses remarques toujours particulièrement bien senties.
Je repense au souffle sur mon cou de ce footballeur qui me chuchotait des blagues au creux de l'oreille à la fac.
Alors c'est quoi un bon coup. Un serial niqueur? Une grosse kikette? 
Moi je crois qu'un bon coup, à mon sens, c'est l'homme dans les bras duquel, tu te sens femme plus que de raison. Un bon coup, finalement c'est celui avec qui tu te sens toi.
Un bon coup, c'est celui qui sait créer l'envie, le désir, d'une simple mèche replacée, d'un regard ardent, d'une main subtilement placée dans le bas du dos, ou même pourquoi pas d'une joute verbale. ça démarre d'un jeu visuel, auditif ou même kinesthésique.
C'est ça qu'on devrait expliquer aux jeunes.
Je finirai ce questionnement sans réelle réponse par la sensualité que je revendique haut et fort...
"Des baisers qui piquent encore et encore, embrasse moi chéri, au fond, je rêve que tu me dévores..."
"Amourachée de sa petite gueule d'allumeur, maladroite, je m'accroche au flipper!"