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lundi 14 décembre 2015

L'avant après

Il y a eu un avant évidemment puis un après inévitablement.
L'avant des premiers frissons, un cœur qui bat la chamade à en faire exploser ma cage thoracique à sept heures du mat à Montparnasse. Cette impression vertigineuse que le meilleur était à venir, mon dieu, si j'avais su.
Mes yeux brillaient, mon cerveau était en ébullition à cette époque, d'imaginer toutes les choses forcément merveilleuses qu'on accomplirait ensemble.
Il a rapidement su que "pars" voulait dire "reste je t'en supplie", "ne me touche pas" signifiait "serre moi vite dans tes bras, serre moi jusqu'à la nuit des temps". Il a su dompter mes démons et même peut être les éloigner.
Il a su comprendre l'ambivalence qui me dévorait. Un jour après m'avoir lue, il s'était étonné de réaliser à quel point j'étais loin de l'image, de la carapace que j'arborais avec assurance et détachement. Et c'est cette découverte qui l'avait rendu fou amoureux de moi. Ni plus ni moins, comme découvrir un petit trésor caché et ne plus jamais vouloir s'en séparer...
Il y a eu la magie des premiers instants comme dans toutes les histoires, des sourires sans mot à n'en plus finir. Il y a eu cette complicité qui nous fait penser que plus jamais on ne vivra ça, et c'est tant mieux puisqu'après tout c'est le bon.
Plus jamais on ne vivra ça c'est plutôt ça que j'aurais du retenir de la phrase précédente.
Il y a des valises qui se posent pour vivre mieux à deux, et la magie des premiers moments s'évapore.
Il y a la naissance d'un enfant qui concrétise l'amour de deux êtres. On ne peut plus banal.
Puis tout s'enchaîne à l'envers, l'achat de l'appartement, le mariage, ils ne manquent plus que le scénic et le labrador pour que cette parfaite petite famille s'épanouisse pleinement.
J'ai longtemps pensé, naïvement que le mariage, le passage devant dieu, toute cette mascarade, m'immuniserait du pire. J'ai rêvé que le oui serait pour la vie, qu'on aurait des hauts et des bas, comme tout le monde en fait et qu'on vieillirait ensemble. Foutaise.

"Elle appuie là où ça fait mal, jusqu'à ce que je craque, jusqu'à ce que mes valeurs s'effondrent et que je passe à l'acte, il y aura l'avant et l'après comme une dose d'adrénaline sulfureusement injectée..."
Dire que je n'ai rien vu venir serait d'une hérésie affligeante. Je l'ai su au fond de moi dès la minute où tout cela avait du se produire mais que veux tu. Qu'est ce que tu veux que je te dise?
"Cette nuit, tu n'as pas dormi, je t'ai retrouvée dans le noir, les yeux gonflés par le mépris, la tristesse et la rage, la voix cassée par les larmes, tu veux connaître tous les les détails, où? Quand? Comment? Qu'est ce qu'elle a de plus que toi?"....
Non. Non, je ne le souhaite à personne, pas même à elle. Cette sensation d'une trappe qui s'ouvre sous tes pieds, cette sensation d'avoir vécu jusqu'à maintenant dans une vie parallèle ou tout, finalement, tout est faux. Cette envie de te faire effacer la mémoire comme dans Eternal sushine of the spotless mind.
 C'est ça que j'aurais voulu à ce moment ignoble, mais au lieu de ça, un petit être à 6h du matin est venu coller son petit corps chaud contre le mien, et j'ai su à ce moment là, j'ai su tout l'amour qu'il me restait encore pour lui, et j'ai su qu'il y aurait un après, qu'il faudrait composer, avec, j'ai su que rien , plus rien ne serait pareil.
Que toutes mes certitudes, mes grands principes voleraient en éclats, et j'ai su que je le ferai par
amour, étant qu'il m'en restait toute une flopée.
Qui se relève d'un truc pareil, qui, qu'il lève la main, qu'il m'explique comment faire pour regarder celui qu'on aime par dessus tout devenir un type lambda.
Croire avoir décroché un gros poisson et se retrouver affublée d'une petite sardine.
Et se battre encore et toujours, recaler sa fierté, lever la tête, surtout la garder bien haute.
Ne plus oser sortir sans être sur son 31, de peur qu'on puisse dire que c'était mérité.
Puis dans ce tourbillon, ne pas s'en sortir. Ne pas y arriver.
Tout l'or du monde n'aurait pas suffi, quand le miroir est cassé, tu sais bien qu'on ne voit que la fissure lorsqu'on contemple son reflet dedans. Des heures et des heures à recoller les morceaux n'auront pas suffi.
Tout l'amour du monde n'a pas suffi.

J'en suis désolée, évidemment. J'en suis dévastée forcément. Je suis rongée par le chagrin, le désespoir, et la déception d'une vie que je n'ai pas choisie, ni pour moi, ni pour eux.
Et aujourd'hui, quoi te dire à part que chaque homme qui me reluque dans la rue, accompagné de sa femme, de sa copine, me donne envie d'hurler, de l'insulter, de faire un scandale, et je souffre en silence.
Quoi te dire à part que j'évite de regarder les gens dans les yeux de peur qu'ils me demandent si ça va.
De peur de fondre en larmes et de me confondre en excuses, de m'en vouloir d'être si minable,
Dis moi, je t'en prie que ça ne durera pas trop longtemps. Dis moi que je vais voler loin de tout ça.
L'autre jour je suis tombée sur une chanson et voilà ce que j'ai entendu:"Je sais, on ira pas sur Mars, car c'est là qu'habite la garce qui t'a volé ton ancien mec, et oublie tes nuits sans sommeil, de l'infini jusqu'au soleil, je t'apprendrai à vivre avec".
Naïve que je suis, j'ai pris ça pour un signe, mais je voudrais te dire que pour  veiller sur moi, c'est maintenant où jamais.
Et puis si toi, non plus, tu n'es pas à la hauteur, il me reste encore et encore des femmes, toujours, toutes autour de moi. Ça va aller, ça va aller, je te promets, demain, j'arriverai à regarder quelqu'un dans les yeux, j'y arriverai. Et après demain, peut être que je mangerai et que je fumerai moins, promis, lançons donc des challenges. Et la semaine prochaine, peut être même que je n'y penserai plus, einh? dis le moi, dis moi que demain sera toujours demain.


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